Le romarin

J’ai choisi le romarin pour inaugurer un nouveau cycle d’articles que je vais alterner avec les recettes. Je présenterai une épice, une herbe, une légume, un fruit, ou une céréale, etc… Cuisiner implique d’apprendre à connaître les aliments que nous utilisons. Chaque plante, chaque fruit, chaque légume a une histoire, des propriétés, des spécificités, et est potentiellement une source d’inspiration et de connaissance.

 

« Voici du romarin, c’est pour le souvenir » Shakespeare

Le romarin, du latin, Rosmarinus, ou rosée de la mer, est une plante très connue en Europe qui possède nombre de vertus. Il se présente sous la forme d’un arbrisseau qui peut atteindre jusqu’à 1m50. Le romarin pousse à l’état sauvage sur le pourtour du bassin méditerranéen. Il se plaît naturellement en terrain rocailleux et calcaire, dans la garrigue et le maquis. Les feuilles fines et allongées de couleur vert foncé sur la partie supérieure sont persistantes et un peu luisantes. La floraison dans les tons mauves à violets commence en février et se poursuit jusqu’au mois de mai. Une deuxième floraison peut avoir lieu en automne.

 

Le romarin officinal est utilisé en médecine et en cuisine depuis l’antiquité.

Croyez le ou non, mais les étudiants de la Grèce antique portaient des couronnes de romarins pour améliorer leurs capacités de mémorisation et leurs facultés intellectuelles.

Les Romains, quant à eux, tressaient des couronnes pour les mariés le jour de leurs noces. Préparez vos brins, car non seulement le romarin était prisé pour ses vertus médicinales, mais il était aussi réputé pour rendre joyeux et inciter à l’amour et à la passion. Synonyme de bonheur et de gaîté, c’est certainement pour ces raisons que le romarin a été appelée l’herbe des troubadours.

Les Anglais du nord ont perpétué ces pratiques antiques en le portant à la boutonnière pour attirer le succès et renforcer la mémoire.

 

Dans un autre registre, son feuillage persistant inspirait également l’immortalité.

Les Égyptiens l’utilisaient lors de l’embaumement pour la conservation des corps. Il pouvait aussi être brûlé lors de cérémonies sacrées pour remplacer l’encens, ou simplement posé sur les tombeaux.

Il était courant de porter un sac autour du cou pour se protéger des épidémies. Des brins pouvaient également être brûlés dans la chambre des malades pour assainir l’air.

 

Le romarin n’a été introduit que très récemment en Inde. Rûjmarî est d’ailleurs la retranscription de Rosemary, ou romarin en anglais.

L’Ayurveda nous vient d’Inde, certes, mais le principe de classification des plantes ou Dravyaguna, peut être transposé à tout ce qui existe. Il comprend la saveur (Rasa), l’effet sur le métabolisme (Virya) et l’effet post-digestif (Vipaka). Ces trois aspects sont composés des éléments qui possèdent des propriétés décrites par les attributs.

Il ne nous reste plus qu’à apprendre à observer notre environnement en évolution constante et notre interaction avec lui. Il n’est donc pas forcément nécessaire d’avoir recours à des plantes qui viennent de l’autre bout de la terre pour prendre soin de nous. Ainsi, nous prenons également soin de notre planète.

 

C’est une plante mellifère. Le miel de romarin, ou miel de Narbonne entrait dans la composition de la fameuse Thériaque qui a fait entre autres la renommée de la ville de Montpellier.

Les brins et les feuilles de romarin peuvent être consommés frais ou séchés. En cuisine, vous pouvez mettre les brins et les feuilles dans les ragoûts, les soupes, les plats tels que les sautés de légumes, les gratins, les soupes… Le romarin aidera ainsi le feu digestif (Agni) à faire son travail, tout en ajoutant un peu de piquant et une senteur unique à votre cuisine. Pour les desserts j’aime bien le mélanger au citron pour faire des tartes ou des crèmes parfumées.

 

Le romarin est une plante stimulante à saveur piquante (Katu) et amère (Tikta).

Il réchauffe le métabolisme et a un effet post digestif piquant. Attention donc à ceux qui présentent un excès en Pitta et de l’hyperacidité. La saveur piquante comprend les éléments feu et air. Par conséquent, Sa chaleur apaisera les types Vata et Kapha. Les fleurs ont une saveur plus douce et peuvent être consommés par les trois types. Pour information, les sommités fleuries contiennent plus d’air que le reste de la plante selon la pharmacopée indienne.

La saveur piquante accroît l’appétit et stimule le feu digestif (Agni). Elle accroît les fonctions métaboliques et réduit les accumulations de substances étrangères au corps, comme les déchets d’aliments non digérés, les parasites, les bactéries…ce qui fait du romarin un antiseptique et un antibactérien efficaces.

D’une manière générale, la saveur amère (composée d’air et d’éther) aide à purifier le sang et à détoxifier les tissus. elle accroît également la fonction hépatique. L’huile essentielle de romarin était déjà utilisée au 16eme siècle pour combattre la jaunisse. Le romarin combat les inflammations de la vésicule biliaire et aide à dissoudre les calculs biliaires. D’un point de vue émotionnel, il tend à apaiser ceux qui se font de la bile.

Son action antispasmodique en fait un inhibiteur des contractions des muscles lisses, ce qui peut soulager certains troubles gastro-intestinaux. C’est également un carminatif qui atténue la présence d’air, notamment dans le colon.

 

Le romarin est aussi un bon expectorant.

Il dissipe les mucosités, notamment au niveau des voies respiratoires. Vous pouvez l’utiliser, mélangé à du thym, pour vous aider à traiter les rhumes, la grippe et les infections respiratoires sous forme d’infusion, à raison de 1 à 2 g de feuilles dans l’équivalent d’un mug d’eau, deux à trois fois par jour.

En cas de congestion des voies respiratoires, vous pouvez faire des inhalations ou des massages avec de l’huile essentielle de romarin. Pour une inhalation, mettez 2 à 3 gouttes d’huile essentielle de romarin dans de l’eau chaude. Faites bien attention à ne pas trop approcher la tête pour ne pas brûler les muqueuses avec les émanations.

Pour le massage, mélangez quelques gouttes d’huile essentielle de romarin avec de l’huile de sésame ou de l’huile d’amande douce, puis massez la poitrine. Vous pouvez également masser les articulations douloureuses avec cette préparation.

Comme il a un léger effet sédatif, vous pouvez le boire en infusion le soir avant d’aller vous coucher pour vous préparer doucement à une bonne nuit de sommeil. Ainsi, le romarin permet de lutter contre l’hyperactivité et la nervosité favorisant ainsi le calme et la concentration. Par extension, le romarin soigne également les migraines, les maux de tête liés à l’hypertension. Il est aussi légèrement antidépresseur.

Enfin, cerise sur le gâteau, le romarin est également un emménagogue : il aide également à apaiser les problèmes prémenstruels et aide à soulager les symptômes de la ménopause.

 

Cultiver et cueillir le romarin : Cette plante aime les terrains calcaires, mais peut aussi très bien se cultiver en pot si vous avez une terrasse ou un balcon, ou dans un jardin. Comme elle se cultive facilement, il vaut mieux éviter de la cueillir en milieu sauvage.

Elle se développe très bien dans tous types de sols, tant qu’ils sont bien drainés. Elle supporte également les gelées tant que l’humidité ne stagne pas dans le sol. En hiver, vous pouvez pailler le pied pour le protéger des gelées. Dans les régions trop humides, il est préférable de cultiver le romarin en pot, ainsi vous pouvez le mettre à l’abri en hiver. Détail important cependant, il lui faut du soleil !

Les graines se sèment au printemps à partir du mois de mars sous serre à l’abri. Les pieds peuvent être repiqués en plein soleil, une fois qu’ils ont bien pris racine et qu’ils ont atteint 5cm de hauteur. Veillez à respecter une distance de 1m entre chaque pied.

La multiplication par marcottage ou bouturage se fait au printemps ou à l’automne. Le bouturage peut se faire en été après la floraison sur les nouvelles pousses. Mais le plus simple reste le marcottage. Pour ce faire, courbez quelques rameaux situés à la base du pied pour les fixer dans la terre au printemps. Les racines se développeront, et l’automne venu, vous séparerez la nouvelle pousse du pied d’origine.

La récolte des fleurs et des feuilles se fait dès le printemps, puis au mois de juillet et septembre. On suspend les tiges et les feuilles disposées en bouquet tête en bas pour les laisser sécher.

2 réflexions sur “Le romarin”

  1. Merci Michele, c’est très intéressant, ouvert et complet.
    J’ai bien noté ton site
    Bonne continuation
    A bientôt
    Brigitte (Shiatsu – Yoann- Marseille)

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