La sauge

Selon ce vieil adage :

Qui souhaite vivre à jamais

Mange de la sauge en mai,

nous allons aujourd’hui nous pencher sur la Salvia officinalis, ou sauge officinale. Avant toute chose sachez que la sauge appartient à une très grande famille, celle des lamiacées, qui comprend plus de 900 espèces différentes, et qu’il existe plus de 500 variétés de sauge, dont 40 types de sauges sauvages en Amérique du Nord! Et oui, rien que ça!

 

La petite histoire

Le mot sauge nous vient du latin salvare qui signifie sauver, guérir. La sauge est d’origine méditerranéenne. En 6000 ans avant Jésus Christ, les égyptiennes la consommait déjà pour accroitre leur fertilité. « Celle qui sauve et qui guérit » était aussi utilisée par les grecs et les romains en tant que tonique, et pour soigner toutes sortes de maux. Elle était en effet considérée comme une plante sacrée, d’où son appellation d’herbe sacrée. Dans la Rome antique, seules les vierges et les prêtres habillés de blanc ayant pris un bain rituel cueillaient la sauge. Sa récolte même était effectuée dans le cadre d’un rite sacré qui était clôturé par une offrande de pain et de vin dédiée au dieu Jupiter. Chez les grecs, elle était offerte au dieu Zeus pour s’assurer longévité, voire immortalité… Chez les celtes, c’était les druides qui se chargeaient de la récolter. Les chinois, les perses, les hindous, les indiens l’ont également utilisée et intégrée dans leur pharmacopée très tôt.

Il est fait référence à la sauge dans la Bible : Marie et Jésus échappent à la menace des bourreaux du roi Hérode en se cachant dans les feuilles de velours de la plante. Il est dit que la sauge a été récompensée de son action par les vertus guérissantes qui lui ont été attribuées. Toujours dans la Bible, la sauge est mentionnée en tant qu’herbe utilisée par le roi Salomon pour purifier son temple.

Dans les traditions amérindiennes, la sauge est brûlée au cours de rituels pour purifier les lieux de toute influence néfaste, éloigner les mauvais esprits, et nettoyer les blocages émotionnels.

Il est également coutumier de porter de la sauge sur soi pour promouvoir la sagesse.

La plante a été introduite en Europe de l’est et du nord à partir du Moyen Âge. La sauge, considérée comme herbe royale par Charlemagne, a été cultivée dans toutes les abbayes sous son règne. Elle était alors considérée comme un remède qui pouvait soulager tous les maux, même les épidémies les plus ravageuses.

Cette plante entrait dans la composition de nombre de préparations. notamment dans « l’eau d’arquebusade« , destinée à soigner les plaies causées par l’arquebuse. Elle est aussi devenue une base pour des remèdes et panacées à buts thérapeutiques multiples au fil du temps. Le « thé de sauge » a traversé les siècles puisque Louis XIV buvait deux tasses de tisane de sauge chaque matin au réveil. La « Ptisana du Roy Soleil » était sa boisson fétiche, et elle lui assurait santé de fer, longévité, voire immortalité…

 

La plante

La sauge officinale est une herbacée vivace ou annuelle qui mesure de 50 à 70 cm de hauteur. Elle présente des tiges à section carrée. Ses feuilles sont persistantes, longues et fines. Ses couleurs sont d’un beau vert argenté qui tire vers le blanc. La texture de ses feuilles est rugueuse alors que la surface est duveteuse. Ses fleurs sont d’un magnifique bleu légèrement violacé que vous pouvez admirer entre les mois de mai et de juillet.

La plante supporte assez mal le gel malgré l’épaisseur des tiges et des feuilles qui en font une plante rustique et robuste. Elle apprécie plus particulièrement le soleil et les sols plutôt légers, calcaires bien drainés, même si elle peut également pousser dans les sols plus lourds et plus humides. Ses besoins en eau sont moindres, veillez toute fois à l’arroser régulièrement lors des fortes chaleurs, surtout si elle est en plein soleil. Quand l’hiver arrive, rabattez le feuillage et recouvrez vos pieds d’une couche de feuilles mortes si ils sont en pleine terre. Pour les sauges cultivées en pots, mettez les à l’abri du froid.

Les graines se sèment à la fin du printemps, sous serre de préférence. Au moment du repiquage en pleine terre, espacez les plants de 60cm environ (3 pieds par mètre carré maximum). Si vous récupérez des plants, prévoyez un pot de 20cm de diamètre minimum pour le rempotage.

 

La sauge aux fourneaux

Ce sont surtout les feuilles et les sommités fleuries que nous utilisons. La sauge se sèche facilement et conserve ses arômes et son parfum légèrement camphré. Coupez les tiges que vous réunissez en bouquet, et faites sécher tête en bas. Il est préférable de récolter les feuilles avant la floraison.

La sauge a une saveur piquante (Katu), amère (Tikta) et astringente (Kashaya). Stimulante, elle facilite l’assimilation des aliments denses et difficiles à digérer comme les produits laitiers, la chair animale (viande rouge surtout). Ainsi elle est souvent associée aux ragoûts, aux farces, bouillons et marinades, pour rendre tous ces plats plus digestes, de même assaisonner une sauce. Elle est particulièrement prisée dans les cuisines méridionales populaires.

Pour les végétariens, la sauge favorise l’assimilation des légumineuses parfois lourdes à digérer, tout en aromatisant vos plats, galettes, quiches, sauces et tartes. Pas besoin d’en mettre beaucoup, car la sauge est très parfumée.

Vous pouvez également préparer un beurre de sauge, et pour les amateurs de Ghee, beurre clarifié aux mille vertus (article sur le Ghee et comment faire votre Ghee ici), laissez vous tenter par du Ghee à la sauge fait maison!!!! Si vous préférez l’huile d’olive, ajoutez quelques feuilles de sauge dans une fiole en verre et laissez mariner avec l’huile… quel délice! Pour vos desserts et crêpes, vous pouvez aromatiser votre miel avec quelques feuilles de sauge… Ainsi vous allierez saveurs exquises et bien-être, puisque la sauge officinale possède nombre de vertus médicinales 😉 !

 

Les vertus médicinales

La sauge officinale est l’une des meilleures plantes digestives. Elle tonifie et stimule Agni, le feu digestif (un article sur Agni ici) tout en régulant les mouvements péristaltiques du système digestif (antispasmodique). Elle est également carminative, c’est à dire qu’elle équilibre les mouvements de Vata Dosha (Dosha composé d’éther et d’air) dans le tube digestif, notamment au niveau du colon, maison-mère de Vata Dosha. Elle s’associe très bien avec le romarin (un article sur le romarin ici) et le thym pour lutter contre les flatulences et l’indigestion. Elle réduit l’oxydation des cellules (anti-oxydante), ce qui en fait un bon reconstituant et réjuvénant. Consommée chaude, la sauge équilibre Kapha Dosha et Vata Dosha. Prise froide, elle est particulièrement recommandée pour Pitta Dosha.

C’est aussi un bactéricide ainsi qu’un antifongique, ce qui en fait un très bon antiseptique tant en usage interne qu’externe. Véritable antibiotique, elle aide à lutter contre les maladies respiratoires, telles que le rhume, la grippe, l’angine, la laryngite…Vous pouvez aussi l’utiliser en bains de bouche pour l’hygiène buccale, et pour traiter les gingivites et les aphtes. En interne, elle se consomme sous forme d’infusion, de décoction, d’extrait fluide, de poudre, ou telle quelle en association avec des aliments. De même en usage externe, les feuilles de sauge sont efficaces pour désinfecter les plaies. Elle diminue les saignements, et aide à apaiser les piqures d’insectes avec ses vertus anti-inflammatoires.

La sauge assèche les sécrétions excessives du corps, en cela elle aide à diminuer Kapha Dosha en excès (mucus du nez et des poumons), ce qui en fait un bon expectorant. Elle supprime aussi les sécrétions mammaires et séminales, également produits de Kapha Dosha.

La sauge aide les femmes à réguler leur cycle menstruel. Pour traiter les bouffées de chaleur et les transpirations nocturnes dues à l’arrivée de la ménopause, il est préférable de consommer la sauge sous forme d’infusion froide.

Très utile lors des premiers stades d’hypoglycémie, ou de diabète de type 2, elle aide à réguler le taux de glycémie dans le sang.

La sauge est aussi un nervin, c’est à dire qu’elle aide à équilibrer Majja Dhatu (couche de tissu correspondant au système nerveux et à la moelle épinière), ainsi que les mouvements des Doshas dans Majja Dhatu à travers les Srota (vaisseaux). Elle élimine Âma (déchets, toxines) de la tête, et aide à lutter contre l’anxiété, la nervosité ainsi que la dépression. A ce titre, la sauge officinale s’associe très bien avec Centella Asiatica, qui est plutôt rafraichissante. La sauge nettoie les blocages émotionnels et favorise le calme et la clarté. Elle diminue les désirs excessifs, les passions, et apaise le coeur.

Quelques contre-indications cependant : il est préférable de ne pas consommer de sauge en cas d’hypertension et de tendance à l’épilepsie. C’est également un anti-galactogogue, c’est à dire qu’il arrête la lactation, à éviter donc pour les femmes qui allaitent. De même l’utilisation quotidienne de sauge pour les femmes enceintes et les enfants en bas-âge, n’est pas recommandée.

Voyez tout ce que la sauge peut faire pour vous 🙂 ! Pensez à l’intégrer dans votre cuisine et au quotidien. Vous pouvez rassembler quelques tiges pour en faire un petit bouquet, ou disposer quelques feuilles dans une coupelle, que vous brulerez pour purifier et parfumer votre maison.

2 réflexions sur “La sauge”

  1. bonsoir
    Je fais une fibrose pulmonaire idiopathique, je viens de lire que la sauge avait beaucoup de propriétés, aussi puis-je en prendre pour cette maladie et avez vous d’autres plantes qui pourraient m’aider à guérir.

    1. En Ayurvéda nous considérons qu’il faut dans un premier temps évaluer la cause de votre déséquilibre, ainsi que votre constitution physique pour ajuster au mieux l’accompagnement et le conseil. En effet, une plante peut être adaptée pour un type de constitution, mais pas pour une autre. Je vous invite à m’appeller pour en savoir plus.
      Je vous remercie et vous souhaite une très belle journée 🙂 !

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