« La métaphore de la graine », ou les 5 éléments, 1/5 : ÂKÂSHA, éther ou espace

Aujourd’hui, je souhaite vous proposer la première partie d’une approche plus sensible des cinq éléments, ou pour être plus précise des cinq états principaux de la matière (Pancha Maha Bhuta). L’observation de ces états de matière est primordiale en Ayurveda. En effet, chaque élément a des propriétés spécifiques qui sont décrites par les 20 attributs ou qualités.

Ces éléments sont indissociables : ils ne peuvent exister les uns sans les autres, car ils évoluent par l’intermédiaire de leurs interactions. C’est à travers eux que s’exprime le mouvement perpétuel de la vie qui anime tout ce qui existe.

Les éléments sont au nombre de cinq :

  • l’éther ou espace (Âkâsha),
  • l’air (Vâyu),
  • le feu (Tejas),
  • l’eau (Jala),
  • la terre (Prithvi).

Petite précision : quand je parle de l’élément terre, je ne parle pas de la terre au sens propre du terme. Il en va de même pour chaque élément que nous allons aborder dans cette suite d’articles, d’où la difficulté de s’en saisir pour comprendre leurs propriétés. L’élément ou état de la matière tel que nous l’envisageons ici parle davantage du produit (temporaire) d’un processus que d’une chose matérielle ou palpable.

 

Pourquoi apprendre à observer ces éléments ? Quelle est l’utilité d’une telle pratique au quotidien ?

La raison est simple : ces cinq états sont utilisés en Ayurveda pour distinguer et classer tout ce qui existe. Par exemple, la banane comprend davantage d’élément terre que la pastèque, ce qui en fait un fruit plus lourd et plus dense. Il est par conséquent plus nourrissant, mais également plus difficile à digérer, notamment pour les personnes de type Kapha qui comportent plus de terre que les autres types de constitutions physiques.

Vous l’avez compris : comme tout est en mouvement et se transforme de manière permanente, une des mises en applications pratiques de cette classification est de comprendre l’effet que l’assimilation d’une plante ou d’un aliment a sur tel individu. Chaque constitution est unique car composée de chaque élément, par extension de qualités, à différents degrés.

L’observation des éléments qui composent ce tout et leur interaction nous aide à mieux comprendre nos caractéristiques et nos besoins, entre autres pour la capacité digestive.

Les types Kapha ont un feu digestif plus lent qu’un type Pitta, ou Vata. Il y a une raison à cela : les types Kapha ont une constitution davantage composée d’élément terre que les autres types, ce qui les rend plus lourds, avec uns structure corporelle plus dense et plus massive. Nous pourrions croire qu’une personne de ce type aurait besoin d’un bol alimentaire (quantité de nourriture ingérée lors d’un repas) plus conséquent, mais il n’en est rien. Comme son métabolisme est plus lent, il lui est préférable de manger juste ce qu’il faut pour ne pas éteindre le feu digestif, éviter les congestions, et par extension la prolifération d’aliments non digérés dans l’organisme. Pour les constitutions Kapha il est d’ailleurs préférable de ne rien manger au petit déjeuner (heures Kapha de 7h à 11h du matin : à ce moment là de la journée Kapha augmente Kapha, selon le principe ayurvédique : le même augmente le même).

Vous comprenez maintenant les avantages que vous pouvez retirer de l’observation des éléments et les effets de leur interaction. Et il y en a beaucoup d’autres…

 

Je vais maintenant utiliser une métaphore qui permettra d’aborder les éléments en tant que processus : la métaphore de la graine.

Cette métaphore sera développée sur 5 articles, à savoir un article par élément, avec pour illustration la croissance d’une graine de courge. Pour ce faire, j’ai planté des graines de courge, puis j’ai observé et dessiné leur développement.

En effet, plusieurs étapes se succèdent pour que la graine puisse germer, croître, produire des tiges, des feuilles, des fleurs, des fruits ou des légumes, puis à nouveau des graines… Pour d’autres variétés, il s’agira de devenir un arbre, etc… A l’image de cette métaphore et de chaque étape de croissance de la graine, notons en premier lieu que chaque élément est issu du précédent. Voici le premier d’entre eux :

 

Graine de courge, 1er stade : AKASHA, Ether. Gravure sur lino.

Âkâsha ou l’expansion…

 

Âkâsha ou, espace et/ou éther est le premier élément, duquel émane tous les autres. Quand vous tenez une graine dans la paume de votre main, vous êtes le témoin de la naissance possible d’une plante, de son développement avec ses feuilles, ses fleurs, ses fruits, ses légumes, puis à nouveau ses graines…

Tout ce potentiel est contenu dans un espace.

Certaines conditions doivent être réunies pour que la graine, une fois plantée se mette à germer. En effet, en connexion avec une conjonction de facteurs favorisant la vie, la semence entame un processus d’expansion. L’élément subtil (Tanmâtra) qui est relié à Âkâsha est Shabda : le son. A l’instar du big bang, la graine entre en vibration et commence à s’étendre. Ainsi, elle devient le canal d’expression et de manifestation de Prana, l’énergie vitale universelle.

 

La matière se met à vibrer en accord avec cette intention de vie et son environnement. Dotée de conscience, elle se met en mouvement et peut ainsi commencer à se transformer et à évoluer.

 

Âkâsha et le corps humain

Les cinq éléments sont présents dans tout le corps, même l’éther. Ainsi nous reconnaissons l’infiniment grand dans l’infiniment petit, et inversement : observez une cellule à une échelle microscopique et vous percevrez Âkâsha. Il est l’espace même occupé par la cellule. Il est également l’espace intercellulaire. Sans cela, il ne peut y avoir de communication entre les cellules, donc pas de vie.

Âkâsha est de fait présent dans toute cavité dans l’organisme impliquant des fonctions vitales (respiration, digestion, excrétion, communication, etc…). Cela inclue les canaux, les vaisseaux, les tubes, les pores, les artères, le système respiratoire, le tube digestif, l’appareil buccal, le conduit auditif…

Sans espace, pas de vibration, pas de son, donc pas de vie. La vie résulte de la mise en mouvement de la conscience à travers la matière. En cela elle répond à une intention primordiale qui démarre à l’aide d’une impulsion, un son, qui se propage et s’étend comme une onde, une onde sonore. 

 

J’espère que vous avez une vision un peu plus précise du premier élément. Si vous avez des questions, je ferai de mon mieux pour y répondre.

La suite au prochain épisode, la métaphore de la graine, 2eme partie, avec notre prochain invité et pas des moindres : Vâyu, l’air qui attend impatiemment son passage sous le feu des projecteurs. D’ici là, je vous remercie et vous souhaite une bonne semaine !!

1 réflexion sur “« La métaphore de la graine », ou les 5 éléments, 1/5 : ÂKÂSHA, éther ou espace”

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *