Les changements de saison et l’Ayurvéda

Le dépouillement hivernal nous a révélé l’essentiel. Par extension, il nous a permis de faire le tri et de laisser partir ce qui n’a plus lieu d’être. Les températures commencent à remonter tout doucement. Ainsi, va la vie. De nouveaux cycles se mettent en place. Le mois d’avril célèbre cette transition pour repartir de plus belle, frais comme un gardon, ou gai comme un pinson. Apprendre à observer le mouvement des éléments et des énergies en œuvre dans toute forme de vie amène la connaissance, la joie, ajoutée à l’enchantement en une danse nous relie et nous rassemble.

Vata Dosha est le maître de l’hiver. Il dispense ses qualités froides, légères, rugueuses et sèches (en tout cas en climat tempéré, voire continental) qui réduisent la matière à son expression la plus simple. Il ne résulte que l’essentiel. L’organisme et le métabolisme peuvent alors prendre le temps de se ressourcer avant de repartir au cœur de l’action à l’arrivée du printemps. Selon le principe fondamental en Ayurvéda qui dit que le même augmente le même, Vata Dosha est souvent aggravé à cette occasion. La régularité des repas, des heures de sommeil, les massages à l’huile tiède, ainsi que la consommation d’une alimentation chaude et rassasiante sont alors fortement recommandés pour l’apaiser.

Avec l’arrivée du printemps, c’est Kapha qui arrive sur le devant de la scène. Ce Dosha a des propriétés lourdes, denses et humides tout en conservant les qualités froides de Vata. Certes les températures remontent, mais elles remontent petit à petit.

 

Je profite de ce moment pour rendre hommage à Kapha. Il est souvent perçu à tord comme le vilain petit canard des Doshas dans une civilisation qui favorise la performance, la consommation, la compétitivité et la vitesse… Ceci s’explique également par le fait que Kapha Dosha en excès a tendance à favoriser la léthargie, la lourdeur, la congestion, voire la dépression. Les fonctions inhibées, et un feu digestif trop lent entraînent une production excessive de flegme et de mucus. Cette accumulation favorise une prise de poids progressive pouvant aller jusqu’à l’obésité. De telles extrémités sont très mal perçues dans une société où les personnes minces à maigres sont admirées et encensées. Les déséquilibres sont autant présents dans les deux cas, et les conséquences sur la santé et l’équilibre tant physique que mental tout aussi graves.

Une personne de constitution Kapha et équilibrée ne présente pas de rondeurs excessives, ni de tendances à la léthargie et à la dépression si elle a un mode de vie et une alimentation adaptés à sa nature. Cette remarque vaut pour tous les types avec les spécificités qui les caractérisent.

Composé des éléments terre et eau, Kapha favorise la multiplication de la matière, des tissus, mais également leur lubrification et leur cohésion. Sachez que sans Kapha Dosha pour soutenir et lubrifier l’ensemble de nos fonctions, nous serions éparpillés aux quatre vents. Il est certes lourd, et plus grossier que les autres Doshas, mais il également plus lisse et plus doux. Quand Kapha Dosha est équilibré, il apporte des qualités essentielles à notre existence, telles que la satisfaction, la patience, l’affection, la compassion, le calme, l’altruisme et l’endurance.

 

En Inde, la tradition veut que l’on accorde plus facilement sa confiance à une personne de constitution Kapha réputée « bonne pâte » et plus stable que les autres types. La civilisation occidentale, quant à elle semble accorder davantage de crédit à la combativité dont peut faire preuve un type Pitta, ou à la créativité d’un Vata pur. Tout cela tient bien évidemment de la caricature. Cependant, au cours de mes consultations, j’ai été frappée par le nombre de personnes qui préfère s’imaginer d’un type plutôt qu’un autre, et qui va jusqu’à refuser de reconnaître les caractéristiques de sa constitution, alors que tous les signes sont bien présents.

En cherchant à adhérer à une image qui nous séduit, mais qui ne nous correspond pas, nous entrons en résistance contre nous-même, et nous dissocions. Nous renions notre nature la plus profonde et la plus authentique. En agissant de la sorte, nous refusons de prendre notre juste place dans le monde et dans la vie, laissant un sentiment de vide intérieur que rien ne saurait véritablement combler, rien d’autre que nous en tout cas.

L’acceptation de soi est essentielle à ce titre et requiert justement de la bienveillance, de la confiance, de l’amour ; des qualités qui sont justement véhiculées par un Kapha Dosha bien équilibré. Nous éprouvons de la satisfaction en nous nourrissant tant d’aliments, que de pensées, d’émotions… car cela nous rassasie dans tous les sens du terme. La qualité de notre nourriture quelle que soit sa nature (physique, émotionnelle, spirituelle…) est donc essentielle pour notre santé et notre équilibre.

 

Kapha Dosha est peu présent dans votre constitution? Ne vous faites pas de sang d’encre. Vous pouvez très bien cultiver ses qualités dans votre vie quotidienne à travers des actes simples en faisant preuve d’amour, de gratitude et de générosité vis à vis de vous même, de vos proches et de la vie qui nous anime.

Vous pouvez également favoriser la lubrification de votre corps et soutenir ses fonctions en vous faisant masser ou en massant avec de l’huile tiède. L’Abhyanga est idéal en cette saison pour plusieurs raisons.

Ayurveda Âyu massage à l'huile Abhyanga Michèle BeckLes qualités sèches et froides de Vata Dosha transforment l’eau en glace pendant l’hiver. Toutes les activités sont ralenties jusqu’à l’arrivée du printemps qui inaugure la hausse progressive des températures. A cette occasion, la glace commence à fondre et l’eau reprend son volume et son débit initial ce qui peut parfois provoquer des dégâts.

Hormis la glace, il se passe à peu près la même chose dans notre organisme en ce moment, surtout si le corps n’a pas été l’objet d’un entretien et d’une attention quotidienne pendant l’hiver. Quand les Srotas (système des canaux corporels) et les Nadis (canaux énergétiques dans lesquels circule le Prana ou énergie vitale) sont encombrés, voire bouchés, à cause d’une alimentation trop riche et du manque d’activités, la circulation des fluides corporels et énergétiques peut s’avérer difficile, voire entravée à certains endroits. Nombre de déséquilibres et de pathologies peuvent alors apparaître. Un massage Abhyanga permet d’équilibrer la répartition et la circulation des fluides tout en apaisant le mental et en lubrifiant les tissus et les articulations.

 

Donc à vos huiles, bon massage, faites vous plaisir, que le printemps vous soit joyeux et à bientôt !

4 réflexions sur “Les changements de saison et l’Ayurvéda”

  1. Bonjour!

    Comment chauffer sont huile pour un auto-massage?
    A la casserole? Mais il faut aller vite alors sinon elle sera froide quand j’en serai à la moitié du corps.

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