« La métaphore de la graine », ou les 5 éléments – 4/5 : APAS, l’eau

Apas, ou Jala  nous vient du sanskrit, qui signifie « eau ». L’eau est le quatrième état de la matière ou Panchamahabhuta.

Apas est en fait l’expression de la matière à l’état de fluide. Dans le corps, elle se manifeste sous forme de salive, de plasma, d’urine, de fluide reproducteur, d’une partie des sucs gastriques (les sucs gastriques sont une combinaison des éléments eau et feu), de la bile, du liquide céphalo-rachidien, de la sueur, du flegme…

Pour rappel, les 5 éléments ou états de la matière visible ou invisible viennent des 3 qualités primordiales que sont Sattva, Rajas et Tamas (pour en savoir plus sur ces trois qualités, un article ICI).  De Sattva (qualité harmonieuse et équilibrée de l’esprit) émane le 1er élément : Âkâsha ou éther, espace. Cet espace, avec l’influence de Rajas (principe d’activité, d’énergie, d’émotion) donne une direction et rend la communication et le mouvement possibles, d’où l’émergence du 2eme élément : Vâyu, à savoir l’air. De Rajas jaillit Tejas, l’élément feu.

L’eau mémorise et transmet les qualités qu’elle transporte.

C’est de l’interaction entre Rajas et Tamas (principe d’inertie et d’obscurité) que naît le 4eme élément : Apas, l’eau. En fonction du terrain et des forces en présence, elle devient mobile ou stagnante. Elle s’adapte et change d’état en fonction des qualités qu’elle rencontre : au contact du froid, elle gèle… Elle transporte également ces mêmes qualités, ainsi que d’autres corps ou substances : dans le corps humain, par exemple, le sang transmet l’oxygène d’un point à un autre.

 

L’eau douce et son contenant

 

Apas, l’eau est le produit de de l’action de Tejas, le feu, sur la matière, c’est à dire la transformation via le travail de digestion, d’assimilation. L’assimilation influe sur la croissance par l’intermédiaire de l’élément eau : les tissus, les cellules augmentent en nombre de manière uniforme et homogène.

 

La multiplication

En effet, avant la solidification nécessaire à l’édification de la structure qui va permettre à l’énergie de s’exprimer à travers la matière et ses différentes densités, la croissance est primordiale, d’où la nécessité de la multiplication d’une même base (une cellule par exemple) dans l’objectif de développer la vie.

Reprenons notre métaphore de la graine. La graine contient le potentiel de vie, et est « programmée » pour devenir une plante spécifique.

Quand la graine est sous terre, elle se trouve dans un milieu favorable pour que la vie puisse se manifester. Âkâsha, ou l’éther, le premier élément, intervient au sein de l’espace de la graine sous forme de vibration qui manifeste cette intention de vie.

Animée de cette intention, Vâyu, l’air, se manifeste à travers le renflement de la graine à un endroit : celui qui va laisser sortir le germe. il s’agit d’une direction spécifique, à l’image du vent qui souffle dans un sens à la fois.

L’élément feu, Tejas, va transformer ce germe en pousses. Les premières feuilles apparaissent. La photosynthèse, c’est à dire la métabolisation de la lumière, peut commencer.

Par métabolisation j’entends transformation pour favoriser la croissance des tissus, et c’est à partir de là que l’élément eau, Apas, intervient : au moment de la multiplication. Une fois que quelques feuilles ont poussé, il s’agit de les multiplier de manière à poursuivre cette croissance. Ce processus passe par la ramification et l’allongement des tiges pour produire davantage de feuilles pour métaboliser toujours plus de lumière. Ainsi, la plante manifeste pleinement son potentiel de vie, dans son interaction avec d’autres plantes et êtres vivants, au sein des cycles de l’univers et de la nature qui l’environnent. En effet, les feuilles qui ont poussé tombent à l’automne et nourrissent le sol qui va à son tour être le milieu favorable à la croissance de nouvelles plantes, etc…

 

Le sens du gout et la mémoire

L’expression subtile de l’élément eau est le sens du goût. En cela, l’eau est reliée à la mémoire des expériences qui nous relient au registre des sensations et des émotions. 

La salivation marque la première étape de la digestion qui correspond à la liquéfaction. Cette étape est gérée par Kapha Dosha (Dosha composé des éléments eau et terre, qui gère la structure corporelle). Cette étape est déterminante, car le goût apporte satisfaction, ce qui est crucial pour notre bien être tant physique que mental… Et c’est ce sentiment de satisfaction qui va déclencher la sensation de satiété.

 

L’eau sous forme de neige

 

De plus, l’étape de la salivation et de la mastication transmet l’information aux enzymes digestives (2eme étape de la digestion gérée par Pitta Dosha) que la nourriture va arriver pour être digérée. La salive commence à liquéfier les aliments ce qui va faciliter le travail des enzymes digestives et favoriser une bonne digestion, d’où l’importance de bien mâcher.

De fait, il est important de prendre le temps de manger (minimum 20 minimum) pour que cette information ai bien le temps d’être transmise pour que la digestion se passe bien. Quand on engloutit son repas sans prendre le temps de mâcher, les sucs gastriques fournissent davantage d’efforts pour détacher les molécules et les transformer en nutriments assimilables, ce qui fatigue l’organisme.

En effet, quand toute l’énergie du corps est consacrée à la digestion, les extrémités corporelles sont moins bien irriguées (ce qui explique la sensation de mains et pieds froids), et la fatigue se fait sentir à la fin du repas. De plus, quand on mange trop vite, le corps ne reconnait pas le fait d’avoir mangé. La digestion devient difficile, et la sensation de faim ré-apparaît rapidement, ce qui favorise le grignotage.

Pour finir, un détail que je trouve attendrissant et qui nous montre que la vie est bien faite : la présence de l’eau dans les sucs gastriques empêche le feu de brûler les membranes, ce qui favorise une digestion et assimilation parfaites.

Le corps entier baigne dans un milieu nutritif liquide. Le cerveau baigne dans le liquide céphalo-rachidien qui le protège des chocs extérieurs en les absorbant, et le nourrit. Aussi, une bonne hydratation du corps est nécessaire pour conserver stabilité et intégrité mentale, émotionnelle, énergétique et physique.

 

Ainsi, l’eau est nécessaire à la croissance et au développement, en favorisant un milieu favorable, comme une sorte de berceau originel qui contient en mémoire l’intention de vie et l’entretient.

 

L’eau de mer en mouvement, la mémoire de la planète terre

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