Cultiver, cuisiner : un amour d’enfance

Bonjour à toutes et à tous 🙂 !

Cette semaine, je souhaite vous parler de ce qui me motive à écrire et à partager avec vous mes articles sur l’alimentation, la cuisine et l’Ayurvéda. En fait ça tient en un mot : l’amour… C’est cet amour et cette reconnaissance profonde vis à vis de la vie qui me pousse à expérimenter, chercher, goûter, associer, retranscrire, transmettre. Les fruits, les légumes, les céréales, les légumineuses… il s’agit d’une nourriture saine, certes, qui nous est généreusement offerte par dame nature. Elle est saine dès lors qu’elle répond aux besoins de notre constitution. Comme vous commencez à le savoir chaque constitution est unique en Ayurvéda. Au delà du fait de nous alimenter, il s’agit véritablement d’un paradigme basé sur la reconnaissance et le respect de ce qui nous anime : l’énergie de vie.

Nous en sommes arrivés au point où nous définissons ce qui est sain et nutritif, en procédant par élimination de tout le reste, à savoir les produits dérivés que nous fabriquons. Il s’agit d’une réaction qui se fait en rapport à une manière de faire et de vivre qui a pris tellement de place qu’elle nous coupe de nous-même, de notre essence, de notre matière, de notre être en tant que nous sommes incarnés sur la planète terre. Ce sont des préoccupations purement actuelles qui n’avaient pas lieu d’être auparavant.

En effet, nous tentons d’imiter la diversité naturellement offerte par notre planète en créant des besoins nouveaux qui sont artificiels. Par artificiel j’entends ce dont nous pourrions aisément nous passer, donc pas essentiel. C’est là que le « génie » publicitaire intervient. C’est à force de suggestion que nous devenons convaincus du plaisir et de la nécessité de ce plaisir là. Il vous le faut parce que c’est bien, parce que c’est nouveau, parce que quelqu’un vous l’a conseillé, parce que tout le monde va l’avoir ou le goûter… Mais prenez simplement un instant pour constater les dégâts que ce processus occasionne autour de nous, et en nous. L’appauvrissement de la diversité réelle, telle que nous pouvons encore l’observer est en train de se raréfier. De l’autre côté, observez un rayon de chips par exemple. L’ingrédient de base est le même : des pommes de terre découpées en lamelles et frites dans de l’huile. Maintenant regardez tous les exhausteurs de goûts et tous les efforts de packaging qui sont fournis pour augmenter cette impression de diversité et de quantité. On ne sait plus que choisir : chips goût poulet-thym, paprika, barbecue… Pourtant l’ingrédient de base est le même : la pomme de terre. Les qualités nutritives sont identiques, les adjuvants chimiques par contre sont en plus. Ceci est un constat tout simple lié à de l’observation pure. Comme nous avons été plus ou moins habitués à nous nourrir de la sorte, il est parfois difficile de remettre ses habitudes alimentaires en question, et c’est tout à fait compréhensible. La première étape pour évoluer vers d’autres comportements, c’est de reconnaître et d’accepter les conséquences de nos actes. Ainsi nous devenons responsables. Je ferme ici la parenthèse de la diversité.

 

Donner goût à la vie

Se nourrir est un des piliers de l’Ayurvéda. Par pilier j’entends une des activités nécessaires à la vie, à son déroulement et à son maintien. Nécessité ne vaut pas nécessairement plaisir, surtout dans une civilisation qui favorise la consommation de biens artificiels. Mais une fois que nous savons le chemin qui nous a amené à cet endroit, nous pouvons choisir de faire autrement, c’est à dire revenir à la base, à l’essence.

Maintenant, comment se connecter à soi pour retrouver des plaisirs plus authentiques ? L’Ayurvéda comprend le fait de se nourrir comme une source de satisfaction alliée à la conscience d’être vivant. Ainsi nous sommes reliés à toute forme de vie grâce à cette qualité de présence que nous cultivons.

Cultiver. Tiens donc… Nous y revenons. J’espère que cet article suscitera des idées, des envies. Peut être qu’il vous donnera le goût de cultiver vos fruits, légumes et herbes, ou simplement d’affûter votre palais, d’affiner votre perception et vos sens en vous mettant à cuisiner avec cette conscience, car c’est précisément cela qui va vous nourrir dans tous les sens du terme.

Plus fondamentalement, aimer ce que nous mangeons est l’une des clés d’une vie terrestre épanouie. Quand je dis terrestre, je fais allusion aux sens. Quand nous observons, quand nous choisissons de cueillir, quand nous cuisinons, quand nous mangeons, nous nous connectons au rythme de la terre, et notre corps, notre cœur battent à l’unisson avec elle.

 

Cultiver…

Je me suis toujours sentie proche de la nature, c’est un fait. Me promener, m’arrêter, contempler, sentir, regarder, écouter, toucher, observer…

J’ai également eu la chance énorme de pouvoir m’occuper d’un jardin potager quand j’étais petite. Je passais chaque vacances scolaire chez mes grands parents. Une des occupations majeures était le jardin potager de mon grand père qu’il bichonnait avec soin. Ma grand mère préférait les fleurs, ce qui favorisait les cultures par association, par exemple l’œillet d’Inde avec les tomates, etc…

Ce qui se retrouvait dans nos assiettes allait de pair avec les saisons et avec la croissance que nous pouvions observer jour après jour. Je me souviens de mes allées et venues quotidiennes pour venir voir les tomates, les haricots verts, les framboises, les fraises… pour observer leur croissance, leurs visiteurs…

Je me rappelle également des pommes que mes grands parents conservaient tout l’hiver dans leur cave, des reinettes de petite taille d’un beau vert strié de rouge vermillon, un peu acidulées. Elles étaient lisses, mates et glissaient dans la main. Leur chair était ferme et dégageait un parfum subtil et sucré. Mon grand père avait pour habitude de manger les fruits en début de repas : il digérait mieux ainsi, me disait-il. La sagesse même.

Je me rappelle l’apprentissage nécessaire des cycles et de la patience. « Pas maintenant », me disait il, « il faut attendre encore un peu. Prends cette tomate dans ta main, est ce que tu sens qu’elle se détache facilement ? Non ? Hé bien, c’est qu’il faut la laisser encore un peu. En la regardant, en la touchant, en la sentant, en prenant le temps de bien la regarder, tu sauras quand tu pourras la cueillir. Si tu la prends trop tôt, tu risques d’abîmer le pied, de le brusquer, parce que tu forceras pour prendre. Si tu attends encore un peu, tu verras qu’elle se détachera beaucoup plus facilement, et là tu sauras qu’elle sera vraiment savoureuse ». Et elles étaient savoureuses ces tomates, d’un beau rouge et juteuses. Les cueillir encore chaudes et gorgées de soleil était un vrai plaisir. En salade, elles se suffisaient à elle même avec un peu de basilic, c’était parfait.

 

Cuisiner…

J’ai toujours aimé goûter de nouveaux plats, de nouvelles saveurs… Du coup, on me proposait souvent plein de choses à manger, pour goûter. Ma sensibilité gustative s’est donc rapidement enrichie d’une palette de saveurs très large. Qui plus est, ma mère, bien que travaillant énormément, était très bonne cuisinière.

Je me remémore les heures de préparation et de cuisson nécessaires à l’élaboration d’un bon ragoût. Je me rappelle le parfum du paprika se mêlant aux oignons en train de fondre. Il me suffisait de sentir pour visualiser le stade de cuisson, les textures, les couleurs, la synergie des aliments entre eux… Toutes ces transformations étaient magiques, et éveillaient les papilles. Au fur et à mesure de la cuisson, la bonne humeur et l’appétit devenaient de plus en plus palpables dans la maison. Tout se connectait et cohabitait en harmonie : le corps physique, le corps émotionnel…

Visualisez ce moment où marchant dans la rue, vous êtes soudain arrêté par le parfum délicat d’un plat en train de mijoter. C’est de ça dont je parle. Ca vous met tout de suite bien. Cela éveille peut être en vous des sensations, des émotions ou des idées. Vos sens en éveil vous amènent à rechercher instinctivement l’origine de ce parfum. Vous tournez la tête et regardez autour de vous. Vous êtes peut être même à l’affut d’un son… D’où est ce que ça vient ? Qui est en train de préparer ce plat qui sent si bon ? Vos yeux s’ouvrent en grand, vos pupilles se dilatent, vous vous mettez à saliver, vous esquissez un sourire, vous vous sentez peut être même un brin plus guilleret qu’il y a quelques minutes, et pourtant vous n’avez rien porté à votre bouche. C’est cette curiosité que ce parfum éveille en vous qui génère l’envie d’en savoir plus, de goûter, de comprendre, d’entrer visiter ce monde qui s’ouvre à vous juste parce que ça vous fait du bien. Tout simplement.

Au delà de l’expérience individuelle, je me rappelle aussi le plaisir de partager et de recevoir des invités à la maison, impatients que nous étions tous de goûter le plat délicieux que ma mère avait concocté. Nous sentions qu’il y avait de l’amour qui se déployait dans l’air au gré du fumet qui parvenait jusqu’à nos narines délicates. Nous nous sentions saliver dans la bonne humeur de cette attente que nous savions déjà récompensée par le fruit de toutes ces préparations et de ces attentions.

Commencer à cuisiner pour moi et pour ceux qui m’entourent a été un des événements marquants de mon passage à l’âge adulte. Continuer à le partager aujourd’hui est toujours une grande source de satisfaction pour moi pour toutes les raisons que je viens d’évoquer.

 

Cultiver, cuisiner, tout cela est une affaire de temps et d’amour.

J’espère que ces petits voyages vous ont plu. Ca m’a bien fait plaisir de partager ce moment avec vous en tout cas :). C’est ce temps qui caractérise notre séjour sur la planète terre ; notre temps à tous, le temps nécessaire à la germination et à la croissance dans tous les sens du terme. Un arbre qui pousse, un projet qui se concrétise, un plat qui mijote… Tout cela est l’oeuvre du temps qui s’écoule, enrichi de notre conscience et de notre capacité à observer, à faire usage de nos sens, à ressentir. Quand nous nous en nourrissons, nous nous permettons d’évoluer. Nous acceptons ce qui nous compose et nous apaisons car nous sommes satisfaits. Nous arrêtons de courir dans tous les sens, ou de faire plusieurs choses à la fois pour vivre au présent avec ce qui est présentement là, et nous en profitons pleinement. Je vous souhaite donc une bonne culture, une bonne cueillette et un très bon appétit 🙂 !

Merci et à bientôt !

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